Première victoire sur The Ocean Race Europe pour CORUM L’Épargne

« Nous savions que c’était possible, et nous l’avons fait ! » Le dénouement de la première manche, remportée par Nicolas Troussel, Sébastien Josse, Marie Riou et Benjamin Schwartz restera longtemps gravé dans les annales de The Ocean Race Europe.
Pour la toute première édition de ce tour de l'Europe orchestré par les organisateurs de The Ocean Race - course autour du monde en équipage ayant lieu tous les quatre ans - les douze bateaux engagés ont dépassé toutes les promesses d'une régate intense.
L'histoire n'aurait pas pu mieux se terminer pour l'équipe CORUM L'Épargne, revenue sur l'ensemble de la flotte à l'issue d'une dernière journée pied au plancher lors de laquelle nos marins n'ont rien lâché. À force de persévérance, d'audace et de choix stratégiques payants sur cette fin de course, ils ont remporté hier la première des trois étapes au large de The Ocean Race Europe, disputée sur 1 300 milles entre Lorient et Cascais.

DES CONDITIONS CHANGEANTES AU DÉPART
Partie samedi 29 mai de la sailing valley bretonne, la course s'élance dans des conditions de vent très légères, profitant davantage aux bateaux monotypes de la classe VO65 (lancés en 2013, ils ont parcouru deux tours du monde en équipage), qu'aux prototypes dernière génération de la classe IMOCA, dont CORUM L'Épargne est le dernier-né.
Dès les premières heures de course, les écarts se lissent alors que s'amorce une tra versée du Golfe de Gascogne groupée, autant en VO65 qu'en IMOCA. Jusqu'à la longitude du cap Finisterre, à la pointe nord-ouest de l'Espagne, nos marins bénéficient de conditions clémentes, avant d'entrer dans des vents plus soutenus sur la route du point de passage virtuel situé à 500 milles (930 kilomètres) au large de la côte portugaise. En témoigne la pointe de vitesse réalisée la deuxième nuit, avec 26,2 noeuds affichés au compteur de CORUM L'Épargne, soit près de 50 km/h !

Mais à l'approche de cette marque de parcours, une zone de transition météo ralentit le rythme général et contraint les marins à de nombreux changements de voiles, dans le but d’optimiser la vitesse du bateau en dépit de vents changeants. À l’avant, deux IMOCA se détachent, et CORUM L'Épargne franchit le point de passage en troisième position dans la nuit de lundi à mardi.
De retour dans des vents de nord plus soutenus, Nicolas, Marie, Sébastien et Benjamin entament une descente express, avec des pointes de vitesse à plus de 31 noeuds (57 km/h) vers Cascais, arrivée de cette première étape.
UNE FLOTTE GROUPÉE À L’ARRIVÉE
À 8 heures mercredi matin, seuls 60 milles (soit 110 kilomètres) les séparent de la ligne d'arrivée, alors qu'ils sont revenus à hauteur de leurs concurrents positionnés plus au sud. Deux options se présentent alors pour négocier le dernier obstacle du parcours, une zone de trafic maritime dense interdite aux concurrents, située à quelques milles au large de Cascais.
Benjamin Schwartz raconte ce moment déterminant : "Nous avions le choix entre passer au nord ou au sud de cette zone, en sachant que les autres bateaux en tête ne pouvaient plus avancer car ils étaient bloqués par un front météo avec des vents très légers. Notre théorie à ce moment-là était d'effectuer ce décalage vers le sud afin de les rattraper, et se repositionner avec eux. Cela nous a permis de revenir, et le reste n'était plus que de la régate jusqu'à l'arrivée."
Et quelle arrivée ! Relégué à 20 milles (37 kilomètres) des leaders à l'entrée de la dernière ligne droite vers Cascais, l'équipage réalise une remontée remarquable , à 22 noeuds de moyenne (soit 40 km/h) et parvient à rattraper l'ensemble de la flotte. Arrivant de derrière, nos marins se positionnent stratégiquement de façon à tirer profit des vents très faibles aux abords de l'arrivée. Ce n'est qu'à un mille de la ligne qu'ils prennent la tête, pour finalement la couper avec 43 secondes d'avance sur le premier de la catégorie VO65 et 1 minute 23 secondes sur le second IMOCA.
> Voir la vidéo de l'arrivée du bateau CORUM L'Épargne
« C’était une course très intense avec beaucoup d’écarts et de différences de vitesse entre les bateaux… Nous savions qu’il était possible de revenir sur les premiers et cela s’est révélé être plus que possible puisque nous l’avons fait ! Tout pouvait se jouer ici, comme tout pourra se jouer à Alicante sur la prochaine étape, et à Gênes sur la fin de course » affirme Nicolas Troussel sur le ponton à l’arrivée. « En tout cas nous sommes très contents de cette victoire, nous nous sommes bagarrés jusqu’au bout et le final était magique pour nous. »
Par
HUGO CHARTIER
Photographies : Sailing Energy / The Ocean Race