Remontée enclenchée sur la Transat Jacques Vabre

Partie dimanche 7 novembre depuis Le Havre, cette 15e édition de la Transat Jacques Vabre nous a offert un début de course inédit pour un mois de novembre. Après quelques premières heures toniques, l'ensemble des concurrents, toutes classes confondues, a ensuite peiné pour se sortir de la manche et franchir la pointe Bretagne. L'entrée dans le golfe de Gascogne a été tout aussi périlleuse et sujette à d'importants écarts en IMOCA, dès lors que le groupe de tête franchissait une dorsale anticyclonique pour ensuite toucher un vent d'ouest plus établi à l'approche du cap Finisterre, en Espagne.
Manager de l'équipe CORUM L'Épargne, Greg Evrard revient sur les premiers jours de course. "Pour moi c'est clair, le début de course n'est pas celui qu'on aurait espéré. Ce qui coûte le plus cher, c'est de s'être donné une chance de jouer l'option ouest (en passant au-dessus du dispositif de séparation du trafic, au large de Ouessant) le plus longtemps possible. Cela se comprenait, puisque Nicolas et Sébastien ne sont pas les seuls à y avoir cru... cette option était dans la tête de pas mal de monde, même avant le départ. Ils se sont donné les chances de la jouer le plus longtemps possible. Quand la porte s'est refermée, ils ont fait preuve d'intelligence en étant capables de faire demi-tour, mais c'est évident que ça a fait mal. Je pense que c'est du jamais vu dans une transat et en particulier de la part de Nico qui adore les trajectoires bien léchées, bien rondes, et qui n'aime pas les angles...”
Contraints de revoir leur option pour finalement passer au sud du dispositif de séparation du trafic (zone interdite aux concurrents de la Transat Jacques Vabre), Nicolas et Sébastien arrivent au large de Ouessant en neuvième position.
"Ensuite, même si ça donne l'impression qu'ils reviennent, leur tout petit décalage dans l'Est leur coûte très cher. Ils auraient pu être conservateurs et rester au milieu, mais je pense que cela était plus subi que vraiment choisi étant donné la situation et les renverses de courant. Dans ces moments-là, ça peut se jouer à une heure près et le problème, c'est que quand tu n'avances plus, tu ne peux plus te déplacer. Donc une situation établie assez tôt peut avoir de grosses conséquences, et une fois que c'est fait il est trop tard pour réagir. Je pense que ce qui a été le plus dur, et c'est vraiment ce qui peut arriver dans des passages de dorsales ou les vents sont très instables et les petites risées font la différence, c'est lorsqu'ils ont vu Prysmian à 1 mille d'eux. Le soir il était 70 milles devant... et Nicolas et Sébastien toujours plantés dans une molle. Là tu ne peux absolument rien faire. Ça a été la partie la plus douloureuse."

@Sébastien Josse / CORUM L’Épargne
Après cette entame compliquée ayant relégué notre duo à la 17e place dans la nuit de mercredi à jeudi, Nicolas et Sébastien bénéficient de conditions plus favorables et peuvent exploiter 100 % du bateau CORUM L'Épargne, qui fait d'ailleurs preuve d'une parfaite grande fiabilité depuis le début de la Transat Jacques Vabre.
"Clairement ils naviguent bien depuis ce moment-là. Cela leur permet de gagner des places une par une, mais il faut aussi se dire que plus tu gagnes des places, plus elles sont dures à gagner."
Interrogé par Nicolas, Sébastien confiait hier dans une vidéo du bord : "On est un peu retardataires donc on essaie de grappiller place par place pour revenir sur nos camarades, dans le top 10.”
À 15h00 aujourd'hui, CORUM L'Épargne se classe 11ème, à 90 milles du monocoque de Giancarlo Pedote et Martin Le Pape. Jusqu'à dimanche, les conditions météo devraient être plus favorables aux bateaux de tête. En effet, plus on est en avance au contournement de l'anticyclone plus vite on touche les Alizés.
"Par contre dimanche à l'approche du Cap Vert, il y aura peut-être des opportunités à saisir. La route est encore très longue, avec un Alizé par super bien établi et un double pot au noir à franchir. L'idée n'est surtout pas de tenter le tout pour le tout, mais plutôt de bien naviguer propre, tout en continuant de mener le bateau à 100%. Le maillot jaune est compromis, l'objectif est plutôt le maillot à pois et si possible un très beau maillot à pois," conclut Greg Evrard.
Par
HUGO CHARTIER