Voile

Route du Rhum - Jour 9 - Les Alizés

Les arrivées des IMOCA sont prévues pour la journée de lundi. C'est à la fois très près... et très loin !

Le week-end sera assurément animé et promet des nuits blanches, à défaut d'être festives.
La bagarre fait rage au sein du peloton de tête. Notre IMOCA CORUM L'Epargne n'en fait pas partie cette fois-ci. 
Notre objectif est bien de nous y mêler très bientôt. Mais le combat est tout aussi beau dans le peloton suivant.

Bateaux et skippers évoluent désormais dans des Alizés qui se renforceront progressivement. Les vitesses sont en permanence entre 15 et 20 nœuds.

Lorsqu'on voit un bateau ralentir sur la cartographie, il y a deux hypothèses :

  • Il est victime d'un grain sans vent
  • Il est en train de manœuvrer (changement de voile ou empannage) au moment du pointage

Ci-dessous le fichier de vent dans la zone où évolue le peloton de Nico, on voit que le vent reste instable en force (couleur) et en direction (orientation des flèches) :

Le piège dans lequel il ne faut pas tomber : se dire que tout est joué ou qu'il ne va plus rien se passer maintenant que le vent est revenu.

Regardez comment Charlie Dalin, qui semblait sur une voie royale depuis le premier jour de course, a vu son avance de 70 milles nautiques fondre en à peine 24 heures.

Cette phase est également très intéressante pour analyser les performances des différents foils et des différentes étraves à cette allure de portant (vent venant de l'arrière du bateau) qui était le point faible de la génération 2020.

On voit bien qu'APIVIA, dont les grands foils fonctionnent à merveille aux angles plus serrés par rapport au vent, perd cet avantage au vent arrière.

On peut aussi constater que GUYOT, avec lequel se bat Nico, est particulièrement rapide à cette allure de vent arrière (assurément dans les 3 plus rapides de la flotte). Ce n'est pas une surprise.

Pourquoi cette portion de parcours nous intéresse-t-elle particulièrement ?

Elle nous permet de confirmer la pertinence des choix techniques que nous avons faits au sein du CORUM L'Epargne Sailing, et qui seront mis en œuvre tout au long de l'hiver prochain (modification de l'étrave et nouvelle paire de foils).

Quel est le mode du moment à bord de l'IMOCA CORUM L'Epargne ?

  • Exploiter au mieux les changements de direction du vent. Trouver les meilleurs réglages pour toujours aller plus vite (il est facile de se satisfaire d'aller à 18 nœuds, vitesse considérée comme élevée, mais parvenir à aller à 19 nœuds permet de gagner 100MN d'ici l'arrivée alors qu'il reste 4 jours de course... une évidence, assurément).
  • Décider de changer de voile ou non, sachant que la manœuvre proprement dite coûte entre 5 et 10 milles nautiques.
  • Travailler le routage (optimisation de la route à venir) pour approcher la Guadeloupe avec le meilleur angle possible donc se bâtir une vision à moyen terme en analysant les fichiers météos.

Voici ci-dessous un routage pour Nico ce matin (les couleurs sur le trait représentent chacune une voile - les petits traits la force et la direction du vent). On voit une alternative avec de nombreux changements de voiles (c'est l'idéal théorique) et une alternative avec trois fois moins de changements (travail de lissage effectué)

L'écart à l'approche de la Guadeloupe ? Moins de deux heures. Vous choisiriez quelle solution à court terme sachant que la prévision perd de sa fiabilité à plus de 24h ?

Il commence à faire chaud à bord. La vitesse peut être grisante mais s'accompagne de bruits et de chocs permanents. Ce sont néanmoins des conditions de rêve quand on aime simplement naviguer.

Ne pas oublier le privilège que c'est de pouvoir vivre ces moments-là !

Go Nicorum !

Par 
GREG EVRARD
Team Manager

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