Voile

Une course riche d’enseignements pour CORUM L’Épargne

Alors que l’édition inaugurale de The Ocean Race Europe a pris fin samedi 19 juin à Gênes, le bateau est reparti d’Italie lundi 21, pour un convoyage retour d’une petite dizaine de jours, direction Lorient, son port d’attache. À bord, Nicolas Troussel et Sébastien Josse vont profiter de cette navigation pour valider leur qualification à la Transat Jacques Vabre 2021, l’objectif sportif principal de l’année.

Retour quelques semaines en arrière. 10 jours avant de prendre le départ de The Ocean Race Europe, l’IMOCA CORUM L’Épargne a été remis à l’eau après le chantier qui ayant suivi le Vendée Globe. Une première victoire pour le projet, qui a validé son entrée sur cette nouvelle épreuve de la scène européenne grâce à un engagement sans faille de toute l’équipe technique.

Autour du skipper Nicolas Troussel et de Sébastien Josse, deux talentueux marins ont rejoint l’équipe : titré lors du championnat d’Europe de course au large mixte 2020, le duo Marie Riou et Benjamin Schwartz embarque pour un challenge inédit à bord d’un bateau encore inconnu, à peine quelques jours avant le départ. Seules trois navigations d’entraînement se sont ensuite succédé au large de Lorient, afin d’appréhender à quatre et en un temps record, une machine conçue pour faire le tour du monde en solitaire. 
Au moment de quitter Lorient le 29 mai, les objectifs sont clairs et en ligne avec la préparation : terminer la course tout en retirant un maximum d’expérience de cette première confrontation de 2021, et prendre du plaisir à bord. 

Sur le plan sportif, le nombre d’IMOCA engagés est certes moins important que celui des VO65 (cinq contre sept), mais leur niveau est élevé, avec deux bateaux dernière génération, un foiler éprouvé et en constante optimisation depuis deux ans, ainsi qu’un monocoque à dérives droites a priori moins compétitif sur le papier.

La course se joue en trois étapes hauturières entre la France, le Portugal, l’Espagne puis l’Italie, ainsi que deux régates côtières. Pour assurer le suspense jusqu’à la fin, un classement aux points est appliqué (et non au temps, comme sur certaines compétitions). 

CORUM Gagnant de The Ocean Race Europe

Sailing Energy/The Ocean Race

 

Première manche en Atlantique

Les conditions météorologiques en cette fin du mois de mai sont peu commodes pour un départ de course au large, et pour cause : le 29 mai, les douze équipages engagés manquent de vent devant la citadelle de Lorient, et peinent à s’extraire pour entamer leur entrée dans le golfe de Gascogne. Les foilers ne volent pas, et sont même ralentis à cause de la trainée supplémentaire induite par leurs grands appendices, ils sont désavantagés face aux VO65 à dérives, pourtant plus lourds et supposés moins performants, mais disposant d’une surface de voile plus importante. 

Ce n’est qu’une fois au large qu’ils atteignent une brise plus établie, et peuvent ainsi commencer une rapide traversée du golfe de Gascogne, avant de prolonger leur trajectoire plein ouest, vers une marque de parcours virtuelle située à 500 milles (930 kilomètres) des côtes portugaises. À quelques milles de l’arrivée à Cascais, le vent tombe. Le dénouement de la première étape semble reprendre la même mise en scène qu’au départ. 

CORUM L’Épargne bénéficie d’une vue d’ensemble sur la flotte des bateaux leaders et revient par-derrière. À bord, les stratèges sont convaincus qu’ils ont une chance de gagner. À l’entame du dernier mille avant la ligne d’arrivée, ils prennent la tête et remportent sur le fil cette première étape.

A posteriori, au moment de dresser le bilan de The Ocean Race Europe, l’équipage est formel, et affirme sans hésitation que cette victoire de la première étape reste le plus beau souvenir de ces trois semaines de compétition. 

Bateau CORUM sur l'eau

Sailing Energy/The Ocean Race

 

Manque d’air en Méditerranée 

Au départ de Cascais, les prévisions annoncent une descente au portant (vent arrière) vers le détroit de Gibraltar, avant des vents soutenus au moment de franchir ce passage étroit. Une fois en Méditerranée, c’est une tout autre histoire...
Après une descente rapide vers la latitude de Gibraltar, la remontée en Méditerranée vers Alicante s’annonce périlleuse et lente. Plusieurs options se présentent aux deux flottes de bateaux : longer la côte ou tenter de profiter d’une brise plus établie au large. 
Les sept VO65, leaders de la flotte des douze bateaux, privilégient l’option le long de la côte. CORUM L’Épargne est au contact du groupe de tête des IMOCA, mais un changement d’orientation du vent les force à faire route vers la côte espagnole, sur une trajectoire similaire aux sept VO65. Hélas, la porte se referme : le vent tombe et les marins, impuissants, voient leurs quatre concurrents directs gagner du terrain au large. Ils arrivent finalement à Alicante en cinquième position.

Au départ de l’ultime étape au large, les prévisions sont une nouvelle fois très légères. La traversée de la Méditerranée implique de choisir entre une trajectoire au nord ou au sud des îles Baléares. Avec les trois autres foilers, CORUM L’Épargne privilégie l’option sud, tandis qu’au nord, Offshore Team Germany creuse soudainement l’écart. 

Le vent reste aux abonnés absents jusqu’au bout de cette troisième étape, conclue par une cinquième place en dépit de l’investissement des marins à bord.

L’équipe termine quatrième au classement général, décidé à l’issue de la régate côtière disputée samedi 19 juin à Gênes. En IMOCA, c’est le plus ancien bateau, celui d’Offshore Team Germany qui s’impose, devant les Américains d’11th Hour Racing, et LinkedOut. 

 

Des leçons pour l’année à venir

Pour CORUM L’Épargne, The Ocean Race Europe a été riche d’enseignements dans tous les domaines, avec du positif à retenir et plusieurs axes d’améliorations concrets. D’un point de vue sportif, l’équipe a donné son maximum tout au long de ces trois semaines de compétition. Du début à la fin, l’alchimie entre les quatre marins a été excellente, à terre comme en mer. 

Et même si la victoire obtenue lors de la première étape à Cascais a été un excellent moment, l’équipe ne se satisfait pas de ce résultat final. Le bateau CORUM L’Épargne est taillé pour effectuer le tour du monde et des courses transatlantiques dans des conditions diamétralement opposées à celles rencontrées sur les deux tiers du parcours de cette course. 

Cette première expérience de navigation en équipage constitue un socle important, et les pistes de travail sont clairement identifiées en vue de l’objectif majeur de l’année 2021 : la Transat Jacques Vabre, au mois de novembre.

 

Par

HUGO CHARTIER

 

A (re)voir : Au coeur de l'équipe CORUM L'Épargne

Partager cet article