PER : vers une liquidation obligatoire au moment du départ à la retraite

Un débat qui pourrait changer la vie des épargnants est en train de se jouer à l’Assemblée. Jusqu’ici, les détenteurs d’un Plan d’Épargne Retraite (PER) pouvaient conserver leur contrat après leur départ en retraite… voire continuer à y verser pour réduire leur revenu imposable. Mais un amendement au projet de Budget 2026 propose d’y mettre fin.
Ce que dit l’amendement
Dans un article du 20 octobre 2025, Capital explique que la commission des finances de l’Assemblée nationale a adopté un amendement visant à rendre « obligatoire la liquidation du PER à l’atteinte de l’âge de la retraite par son détenteur ».
En effet, aujourd’hui, rien n’oblige un retraité à dénouer son PER. Il peut le conserver sans limite de temps. D’ailleurs, comme le rappelle l’article, il est même possible « d’ouvrir un PER une fois à la retraite ».
Pourquoi ce changement ?
Plusieurs rapports (Cour des comptes, rapport parlementaire présenté à l’automne 2024) pointent un usage du PER qui dépasserait sa fonction première, à savoir préparer des revenus complémentaires pour la retraite.
Pour faire simple, aujourd’hui, quand on verse de l’argent sur un PER, on bénéficie d’un avantage fiscal : les versements peuvent être déduits du revenu imposable (dans certaines limites). Plus tard, lorsque l'on retire cette épargne, ce capital est imposé.
Mais voilà le point soulevé dans l’amendement : si la personne décède avant d’avoir retiré tout l’argent de son PER, le capital transmis aux héritiers n’est jamais soumis à l’impôt sur le revenu. Cela signifie que l’avantage fiscal obtenu lors des versements n’est jamais compensé par une imposition à la sortie.
Les députés estiment donc que le PER peut devenir, dans ces situations, « un outil d’optimisation fiscale massif ».
Pour remédier à cette situation où l’avantage fiscal n’est jamais compensé par une imposition à la sortie en cas de décès avant liquidation, deux options principales ont été étudiées par les députés :
- Soit imposer le capital au moment de la succession, afin de s’assurer que l’avantage fiscal soit récupéré par l’État lors de la transmission aux héritiers ;
- Soit forcer la liquidation du PER au départ à la retraite, ce qui oblige le retraité à retirer et donc à imposer son épargne avant toute éventuelle transmission.
Ces deux scénarios ont été analysés dans le but de mettre fin à l’utilisation du PER comme outil d’optimisation fiscale, et de recentrer ce produit sur sa vocation première : la préparation de la retraite.
L’amendement a retenu la deuxième option.
À noter : à ce stade, la mesure a été adoptée en commission, mais son adoption finale dépend encore du vote en séance publique. Autrement dit : rien n’est acté définitivement.
Qu’est-ce que cela changerait pour les épargnants ?
La fin d’un « PER pour payer moins d’impôts après la retraite »
Jusqu’ici, de nombreux épargnants continuaient à alimenter leur PER même une fois retraités, afin de réduire leur revenu imposable.
Si la mesure est adoptée, ce scénario disparaît : le PER serait automatiquement liquidé dès l’ouverture des droits à la retraite. Plus de possibilité de « prolonger » le contrat ou d’y verser après coup pour continuer à alléger son impôt.
Un choix de sortie à faire au moment du départ
Liquidation automatique signifie aussi qu’il faudra choisir la forme de sortie du PER au moment où l’on prend sa retraite.
Or, la sortie d’un PER peut se faire de trois façons :
- En rente, pour obtenir des revenus réguliers,
- En capital, en une ou plusieurs fois,
- Ou via un mélange des deux.
Or, aujourd’hui, certains préfèrent patienter quelques années avant de décider, le temps de clarifier leur situation familiale, patrimoniale ou fiscale. Demain, cette flexibilité disparaîtrait : le choix devrait être fait au moment du départ, sans délai de réflexion post-retraite
Chez CORUM L'Épargne, nous estimons cependant qu’il est souvent plus judicieux de privilégier la sortie en capital. En effet, en cas de décès, le capital est alors transmis. A contrario, le montant de la rente est souvent calculé sur des tables d’espérance de vie à l’avantage des assureurs. En cas de décès prématuré (et sauf dans le cadre d’une rente réversible), l’épargne est perdue.
La fin d’une transmission du capital sans impôt sur le revenu
Ce changement toucherait aussi un autre point déterminant : la transmission.
Comme évoqué plus haut, aujourd’hui, si le titulaire d’un PER décède avant d’avoir liquidé son plan, le capital transmis aux bénéficiaires n’est pas soumis à l’impôt sur le revenu. Autrement dit, l’avantage fiscal obtenu lors des versements n’est jamais “rattrapé” par une imposition à la sortie. C’est cette spécificité que l’amendement cherche à supprimer.
En rendant la liquidation obligatoire dès l’âge de la retraite, le capital serait nécessairement retiré — et donc imposé — avant toute éventuelle transmission.
Pour les épargnants qui voyaient dans le PER un moyen de préparer leur retraite tout en optimisant la transmission, c’est un changement de logique majeur.
Et maintenant ?
Rien n’est encore définitif : l’amendement doit être discuté et voté en séance publique dans le cadre du Budget 2026. Mais l’enjeu est clair : si la mesure est adoptée, le PER redeviendra pleinement un produit de préparation à la retraite, avec moins d’intérêt fiscal après l’âge de départ et plus aucune utilité en matière de transmission non imposée.
À ce stade, la clé pour les épargnants consiste à anticiper :
- Réfléchir au moment où la liquidation sera la plus cohérente avec leur situation,
- Adapter progressivement leur allocation financière,
- Clarifier leur projet de sortie (rente, capital, ou mix).
Dans ce contexte mouvant, l’accompagnement devient clé. Chez CORUM L’Épargne, les épargnants peuvent être guidés pour anticiper leur sortie, ajuster leurs supports d’investissement et choisir la solution la plus adaptée à leur situation personnelle au moment de la retraite.
Par ailleurs, rappelons que la fiscalité ne doit jamais être le critère principal d’un investissement. Ce qui fait la différence ? La solidité et la performance à long terme. Au fond, n'est-t-il pas préférable de s’acquitter d’impôts sur un gain conséquent que de miser sur un produit qui séduit uniquement par son avantage fiscal, sans créer de vraie valeur pour votre épargne ? Qui plus est, à l’heure où les lois fiscales peuvent changer du jour au lendemain – l’actualité du PER en est la preuve, ce principe prend tout son sens. Si les coups de pouce fiscaux peuvent s’effacer, la qualité intrinsèque de votre investissement, elle, reste un atout indéniable pour bâtir votre avenir financier.
Par
Faustine RIOT