Une nouvelle paire de foils pour l'IMOCA CORUM L'Épargne

Mercredi 6 octobre, toute l'équipe technique CORUM Sailing était mobilisée à la base de Lorient, dans le Morbihan, pour la réception puis l'installation des nouveaux foils. Cette nouvelle paire d'appendices est le fruit d'une réflexion entamée il y a plus d'un an au sein de l'équipe, comme le précise notre skipper Nicolas Troussel.
"Le projet de faire cette deuxième version date de l'année dernière, puisque son but numéro un était d'être la paire de remplacement de notre première version. Puis le projet a avorté à cause de la COVID-19, avant que le sujet ne revienne sur la table l'hiver dernier. Nous voulions absolument faire une seconde paire pour être certains de partir sur la Transat Jacques Vabre avec nos deux foils."
Comment fonctionnent des foils de bateau ?
Armand de Jacquelot, responsable du bureau d'études de l'équipe CORUM L'Épargne, revient sur le fonctionnement des foils :
"C'est comme une aile d'avion, mais elle est sous-marine et connectée au bateau. Avec la vitesse, elle va générer une portance et une force anti-dérive. Cette portance va faire décoller la carène de la surface de l'eau, ce qui limite les frottements et permet au bateau d'accélérer."
Voici pour la théorie. En pratique et pour pousser la comparaison avec l'aéronautique, ces ailes de carbone de 250 kg, dont la fabrication nécessite huit mois de travail, n'en sont qu'à leurs débuts. Apparus sur les IMOCA il y a seulement six ans, les foils ne cessent de révolutionner les monocoques de course au large, et laissent présager des évolutions continues et spectaculaires au sein de notre sport.
Sébastien Josse, co-skipper de l'IMOCA CORUM L'Épargne est formel : "Le gain de performance du bateau vient vraiment de ces appendices."

Modélisation 3D présentant la V1 (bleu foncé) et la V2 (cyan) des foils de l'IMOCA CORUM L'Épargne.
Une fois la phase d'étude terminée entre les équipes de Juan Kouyoumdjian (l’architecte du bateau) et le bureau d’études CORUM Sailing, le cahier des charges est validé et la construction de cette seconde paire démarre chez C3 Technologies, près de La Rochelle. "La durée de fabrication d’une paire de foils est de 6 mois incompressible. Pour espérer une livraison au mois d’octobre, il a fallu arrêter les plans fin mars avec les études et l’état de l’art dont nous disposions à ce moment-là" souligne Nicolas Troussel.
"La construction a duré 6 mois. Nous avons réceptionné les foils le mercredi 6 octobre. Leur installation s'est terminée le samedi et nous sommes partis le soir-même, jusqu'au lundi matin. Les premiers essais ont été concluants au niveau de la performance et de la fiabilité puisque toutes les vérifications post-navigation ont été très positives."
Un gain de vitesse qui dépasse les 15% entre la V1 et la V2
"En termes de réglages précis, nous allons apprendre au fil de l'eau. À la suite des premiers essais, nous sommes vraiment satisfaits du delta de performance entre les deux versions. Je vois et sens que le bateau est beaucoup plus aérien. Dans certaines conditions, nous avons un gain de vitesse qui dépasse les 15 % entre la V1 et la V2."
Pour l'heure, l'équipe n'a pas encore arrêté son choix sur la paire de foils qui sera présente à bord de l'IMOCA CORUM L'Épargne au départ de la Transat Jacques Vabre, le 7 novembre prochain.
"Aujourd'hui, nous ne savons pas encore si nous les prendrons sur la Transat Jacques Vabre. Nous avons encore quelques navigations pour arrêter notre décision, qui sera un choix compliqué, car bien que nous soyons contents de ces nouveaux foils, nous n'aurons pas encore beaucoup de recul sur leur utilisation.. Nous voulons être compétitifs et avoir le maximum de chances d'être performants, en étant lucide dans notre choix" conclut Nicolas Troussel.
Par
HUGO CHARTIER
Photographie de couverture
ELOI STICHELBAUT
Polaryse / CORUM L'Epargne