Retraite

Connaitre la fiscalité de l'assurance vie pour mieux préparer sa retraite

Temps de lecture: 12 minutes

En bref

Préparer sa retraite avec une assurance vie, c’est intéressant… à condition toutefois d’en comprendre la fiscalité.

  • Pendant l’épargne, pas d’impôt tant que vous ne retirez rien, mais des prélèvements sociaux annuels sur les contrats investis en fonds euros.
  • En cas de rachat (retrait), seule la part des gains est imposée, avec un taux qui diminue après 8 ans et un abattement fiscal.
  • En cas de décès, les bénéficiaires profitent d’un régime fiscal spécifique (hors cadre successoral), surtout si les primes ont été versées avant 70 ans. Pour les versements faits après 70 ans, la fiscalité change : mieux vaut anticiper ses versements.

Sur l’assurance vie, les supports, le mode de gestion, le montant des versements, l’âge du contrat : chaque choix a un impact sur la fiscalité.

L’assurance vie est un placement largement utilisé pour préparer sa retraite, grâce à sa souplesse et à sa fiscalité spécifique. Ce contrat permet de se constituer un capital via des versements réguliers ou ponctuels, en vue d’une sortie en rente ou en capital (en une seule fois ou via des rachats programmés). Comprendre la fiscalité applicable — sur les gains, les intérêts, les rachats, ou encore en cas de décès — est néanmoins essentiel pour optimiser la gestion de ce produit d’épargne dans la durée.

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2. Le fonctionnement de l’assurance vie

L’assurance vie est un placement flexible qui permet de préparer sa retraite en constituant un capital à long terme. Ce placement repose sur un contrat souscrit auprès d’un assureur, dans lequel l’épargnant effectue des versements, à la date de son choix et pour les montants qu’il souhaite. Ces versements peuvent être libres ou programmés dans le temps.

Il existe plusieurs types de contrats d’assurance vie, en fonction des supports choisis pour placer ses fonds :

  • Le contrat en euros, où le capital est garanti (hors frais de souscription et de gestion) par l’assureur. Les intérêts générés chaque année sont définitivement acquis. Ce type de contrat est plus sécurisé, mais offre généralement un rendement modéré.
  • Le contrat en unités de compte, où l’épargne est investie sur des supports financiers plus variés, comme des actions, des obligations ou de l’immobilier. Ces produits ne garantissent pas le capital et présentent un risque de perte, mais ils peuvent offrir un meilleur potentiel de gains à long terme.
  • Le contrat multisupport, qui combine les deux types précédents et permet une répartition plus souple entre sécurité et rendement, selon le profil de risque de l’épargnant.

L’un des atouts majeurs de l’assurance vie réside dans la gestion libre de l’épargne. L’épargnant peut modifier la répartition de son capital entre différents supports à tout moment, effectuer des versements complémentaires, ou procéder à un rachat partiel ou total de son contrat, selon ses besoins.

Au moment de la retraite, le contrat peut être dénoué par une sortie en capital, sous forme de retraits ponctuels, ou bien en optant pour une rente viagère, c’est-à-dire un revenu versé à vie. Ce choix dépend de la situation personnelle de chacun, de l’âge de l’épargnant, de ses objectifs, du montant épargné et des conditions prévues dans le contrat.

Enfin, en cas de décès, le capital restant est transmis aux bénéficiaires désignés dans le contrat, dans un cadre fiscal spécifique.

3. La fiscalité des versements et des gains de l’assurance vie

Comprendre la fiscalité de l’assurance vie est essentiel pour bien anticiper la sortie de son contrat, que ce soit sous forme de rente ou de capital. Si les versements effectués ne sont pas soumis à l’impôt au moment de l’entrée, la fiscalité intervient surtout lors des rachats (ou retraits) et lors du décès du souscripteur.

La fiscalité de l’assurance vie pendant la phase d’épargne

Tant qu’aucun rachat n’est effectué, les gains générés par le capital investi ne sont pas soumis à l’impôt sur le revenu. C’est un atout majeur de ce placement : l’imposition est différée jusqu’au moment où l’on décide d’effectuer un rachat, partiel ou total.

Cependant, les prélèvements sociaux sont appliqués sur les intérêts issus des contrats en euros, chaque année. En 2025, ces prélèvements sont fixés à un taux de 17,2 % et sont prélevés directement par l’assureur avant versement des intérêts sur le contrat.

Pour les unités de compte, les prélèvements sociaux ne s’appliquent qu’au moment du rachat, et uniquement sur la part de gains concernés par le retrait.

Lors des rachats (ou retraits)

Quand vous effectuez un rachat sur votre contrat d’assurance vie, seule la part correspondant aux gains est soumise à l’impôt. Le capital que vous avez versé reste toujours non imposable. L’imposition dépend de la date d’ouverture du contrat et de son âge au moment du rachat :

Avant 8 ans : Les gains réalisés sur un contrat d'assurance vie sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 12,8%. Les prélèvements sociaux de 17,2 % s'appliquent également.

Après 8 ans : Une fois que le contrat a atteint 8 ans, l'épargnant bénéficie d'un abattement annuel de 4 600 € pour une personne seule, ou 9 200 € pour un couple soumis à imposition commune, sur la part des gains soumis à l'impôt sur le revenu. Au-delà de cet abattement, les gains sont taxés au taux de 7,5 % après application des prélèvements sociaux de 17,2 %. Cette fiscalité plus douce incite les épargnants à privilégier les rachats après cette période.

Attention : lorsque le montant total des versements dépasse 150 000 €, une taxation additionnelle s'applique. Les gains au-delà de cette limite sont soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 12,8 %, en plus des prélèvements sociaux de 17,2 %.

À noter : vous pouvez opter pour l’imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu si cela vous est plus favorable, en fonction de votre situation personnelle.

4. La fiscalité de l’assurance vie en cas de transmission

L’assurance vie jouit aussi d’un traitement fiscal spécifique en cas de décès. Le capital constitué dans un contrat peut être transmis aux bénéficiaires désignés, hors du cadre classique de la succession, avec une fiscalité qui lui est propre. Toutefois, cette fiscalité varie selon l’âge du souscripteur au moment des versements, le montant transmis, et la date de souscription du contrat.

Pour les versements effectués avant 70 ans

Lorsque les primes ont été versées avant les 70 ans de l’épargnant, chaque bénéficiaire profite d’un abattement individuel de 152 500 € sur le capital reçu (hors intérêts). Cela signifie que jusqu’à ce montant, aucun impôt ni prélèvement n’est dû.

Au-delà de ce seuil :

  • les produits transmis sont soumis à un prélèvement forfaitaire de 20 % jusqu’à 700 000 €,
  • puis de 31,25 % pour la part excédant ce montant, toujours par bénéficiaire.

Pour les versements effectués après 70 ans

Lorsque les primes sont versées après le 70e anniversaire du souscripteur, le régime change :

  • Un abattement global de 30 500 € s’applique sur l’ensemble des primes versées, tous bénéficiaires et contrats confondus.
  • Au-delà, les versements sont réintégrés dans la succession et soumis aux droits classiques selon le barème applicable.
  • En revanche, les gains, intérêts et produits générés par le contrat restent totalement exonérés de droits de succession, ce qui allège tout de même la charge fiscale.

Ce traitement différencié selon l’âge au moment des versements impose une bonne gestion de son placement, en lien avec ses objectifs de retraite, de transmission, et de prévoyance.

Il est donc important d’anticiper la stratégie de sortie du contrat d’assurance vie, en tenant compte du régime fiscal applicable, afin de protéger au mieux ses proches, et tout en optimisant l’imposition du capital transmis.

5. Les avantages et risques de l’assurance vie pour la retraite

L’assurance vie est souvent présentée comme un placement de choix pour préparer sa retraite. Elle offre de nombreux avantages, tant en matière de fiscalité que de gestion et de transmission de capital. Néanmoins, comme tout investissement, elle comporte également des risques qu’il convient de bien comprendre avant de souscrire un contrat ou d’effectuer des versements.

Les avantages de l’assurance vie pour la retraite

  • Souplesse des versements : L’assurance vie permet d’effectuer des versements à tout moment, avec des montants modulables, selon vos capacités et vos projets. Ce choix libre offre une grande autonomie dans la constitution de votre capital.
  • Large éventail de supports : Grâce aux contrats multisupports, vous pouvez répartir vos versements entre des supports en euros (à capital garanti net de frais) et des unités de compte (plus dynamiques, mais avec un risque de perte en capital). Cela octroie une gestion adaptée à votre âge, à votre horizon de retraite et à votre tolérance au risque.
  • Fiscalité après 8 ans : Comme déjà évoqué, en cas de rachat, après 8 ans, vous bénéficiez d’un abattement annuel sur les gains (4 600 € pour une personne seule, 9 200 € pour un couple). Cela peut réduire fortement l’imposition en phase de sortie, qu’elle soit en capital (en une ou plusieurs fois) ou en rente viagère.
  • Transmission facilitée : En cas de décès, les bénéficiaires du contrat profitent d’un régime fiscal spécifique, notamment grâce aux abattements spécifiques et aux prélèvements forfaitaires moins élevés que les droits de succession classiques.

Les risques et limites de l’assurance vie pour la retraite

  • Rendement incertain pour les unités de compte : Si vous optez pour des supports en unités de compte (c’est-à-dire de l’épargne investie en actions, en obligations ou en immobilier), le capital n’est pas garanti. Les rendements dépendent des marchés financiers, ce qui expose votre investissement à une perte en capital en cas de baisse.
  • Frais de gestion : Les contrats peuvent inclure des frais sur les versements, sur la gestion annuelle ou lors des rachats et arbitrages. Ces frais peuvent réduire les gains et donc la performance nette du contrat.
  • Complexité de l’imposition en cas de rachats mal planifiés : Si les rachats sont effectués trop tôt ou sans tenir compte des abattements, le taux forfaitaire d’impôt sur les gains, ajouté aux prélèvements sociaux, peut être élevé.

6. Conseils pratiques pour les épargnants

L’assurance vie est un outil souple, qui peut permettre de se constituer un capital en vue de la retraite, mais sa bonne utilisation repose sur des décisions éclairées. Voici quelques conseils essentiels pour optimiser votre contrat, en tenant compte de la fiscalité, des prélèvements, des gains potentiels et des risques inhérents à l’assurance vie.

Définir ses objectifs de retraite

Avant d’effectuer vos premiers versements, il est important d’identifier vos besoins à long terme : cherchez-vous un revenu régulier sous forme de rente viagère, une sortie en capital, ou une solution de transmission en cas de décès ? Le choix de vos supports et de votre stratégie de gestion dépendra de ces objectifs, ainsi que de votre âge et de votre horizon de placement.

Adapter les versements à votre profil

Il est préférable de réaliser des versements réguliers en fonction de vos moyens, plutôt que de placer tout votre capital en une seule fois. Cela permet d’augmenter progressivement le capital de l’assurance vie, tout en limitant les effets des fluctuations de valeurs sur les unités de compte. Certains contrats permettent aussi d’automatiser les versements, facilitant ainsi la constitution d’une épargne pour la retraite.

Bien choisir ses supports d’investissement

Les contrats multisupports offrent un large panel de produits : fonds euros, unités de compte, SCPI, ETF, etc. Un support en euros garantit le capital, mais avec des taux souvent faibles. Les unités de compte offrent plus de potentiel de gains, mais présentent un risque de perte en capital. Une bonne diversification permet d’équilibrer le rendement et les risques pris.

Anticiper les conséquences fiscales des rachats

Il est souvent judicieux d’attendre la 8e année du contrat pour bénéficier de la fiscalité spécifique de l’assurance vie. De plus, il convient aussi de surveiller le montant total des versements afin de ne pas dépasser certains seuils liés aux abattements ou aux prélèvements forfaitaires.

Préparer la transmission de son capital

Si votre objectif est de transmettre un capital à vos proches, il est conseillé d’effectuer une partie des versements avant vos 70 ans, afin de bénéficier des abattements les plus favorables en cas de décès. Désignez avec soin vos bénéficiaires dans le contrat, en pensant à mettre à jour cette clause en cas de changement de situation familiale.

Se faire accompagner

Enfin, il est vivement recommandé de faire appel à un conseiller financier pour vous aider à piloter la gestion de votre contrat, à ajuster vos versements, à arbitrer entre différents supports, et à choisir entre rente et capital au moment de la sortie. Ce professionnel pourra aussi vous aider à comprendre l’impact de la fiscalité de l’assurance vie et à optimiser votre placement selon votre situation personnelle, dans le respect des règles en vigueur.

Bien utilisée, l’assurance vie est un allié précieux pour préparer sa retraite, valoriser son capital, et organiser sa transmission dans un cadre fiscal spécifique. Mais comme tout placement, l’assurance vie demande de la réflexion, de l’anticipation, et une bonne compréhension. Prenez le temps d’analyser vos objectifs, vos versements, vos choix de supports… et n’hésitez pas à vous faire accompagner pour tirer le meilleur parti de votre contrat.