Retraite

La fiscalité de la prime de départ à la retraite

Temps de lecture: 12 minutes

En bref

Vous partez bientôt à la retraite ? Votre prime de départ peut être partiellement imposée… ou non. Voici l’essentiel à savoir pour ne pas perdre d’argent inutilement.

  • La prime de départ à la retraite est une indemnité versée par votre employeur en fin de carrière, selon votre ancienneté et votre salaire.
  • Elle peut être exonérée, partiellement ou totalement, d’impôts et de charges sociales, selon le type de départ à la retraite choisi (volontaire ou à l’initiative de l’entreprise).
  • Le système du quotient permet d’éviter une imposition trop lourde en une seule année.
  • Le montant de la prime doit être correctement déclaré dans vos revenus.
  • Anticipez, vérifiez vos droits, et n’hésitez pas à utiliser des simulateurs ou à vous faire accompagner pour optimiser votre plan de départ à la retraite.

Lorsqu’un salarié met fin à sa carrière professionnelle, une prime de départ à la retraite peut lui être versée par son employeur. Cette indemnité, qui récompense l’ancienneté et la fidélité dans l’entreprise, peut représenter un montant significatif. Mais attention : selon le cadre du départ — qu’il soit volontaire ou à l’initiative de l’entreprise — l’imposition de cette somme perçue peut varier. Le traitement fiscal et social de cette indemnité de départ est donc essentiel à connaître, pour bien déclarer ses revenus et optimiser sa situation dans le respect du droit en vigueur.

Découvrez tout sur la fiscalité à la retraite.

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2. Qu’est-ce que la prime de départ à la retraite ?

Définition et conditions d’éligibilité

La prime de départ à la retraite est une indemnité versée au salarié lorsqu’il quitte son entreprise pour faire valoir ses droits à la retraite. Ce montant, exprimé en euros, dépend de plusieurs critères liés à la carrière du salarié, notamment son ancienneté, la nature de son contrat de travail, et les modalités de son départ.

Il existe deux grandes situations :

  • Le départ volontaire à la retraite, c’est-à-dire lorsque le salarié prend l’initiative de quitter l’entreprise pour liquider ses pensions.
  • La mise à la retraite, lorsqu’elle est décidée par l’employeur (généralement à partir d’un certain âge et sous conditions légales strictes).

Selon que le départ est volontaire ou à l’initiative de l’employeur, le traitement fiscal, le régime social et les règles d’imposition de l’indemnité ne sont pas les mêmes.

Par ailleurs, un salarié doit justifier d’une certaine ancienneté pour bénéficier de cette prime. La durée minimale est fixée par le droit du travail ou par les conventions collectives de l’entreprise.

Les modalités de calcul de l’indemnité

Le montant de l’indemnité de départ à la retraite se calcule en fonction de plusieurs paramètres, dont le salaire de référence et l’ancienneté du salarié dans l’entreprise.

En général, l’indemnité légale correspond à un quart de mois de salaire brut par année d’ancienneté pour les 10 premières années, puis à un tiers de mois au-delà. Ce calcul peut toutefois être plus favorable si une convention collective ou un accord d’entreprise le prévoit.

Prenons l'exemple de Mme Dupont, souhaitant partir volontairement à la retraite, salariée dans une entreprise depuis 15 ans avec un salaire brut mensuel de 3 000 euros.

Pour calculer son indemnité de départ, il faut d’abord déterminer la partie correspondant aux 10 premières années et prendre un quart de son salaire brut multiplié par le nombre d'années : 3 000 euros * 0,25 * 10 années = 7 500 euros.

Ensuite, il convient de calculer l'indemnité pour les années au-delà des 10 premières, soit 5 ans. Dans ce cas, un tiers du salaire brut et multiplié par le nombre d'années supplémentaires : 3 000 euros * 0,33 * 5 années = 4 950 euros.

L'indemnité totale de départ à la retraite de Mme Dupont sera donc de : 7 500 euros + 4 950 euros = 12 450 euros.

3. Le régime fiscal de la prime de départ

L’imposition de l’indemnité

La prime de départ à la retraite constitue un revenu exceptionnel, soumis à des règles fiscales particulières. En principe, cette indemnité est imposable au même titre que les autres rémunérations perçues dans l’année du départ, et elle doit donc être déclarée dans la déclaration annuelle de revenus. Toutefois, des régimes spécifiques permettent, sous conditions, de réduire le montant de l’impôt à payer.

Le traitement fiscal de l’indemnité dépend du cadre du départ :

  • En cas de départ volontaire à la retraite, la prime est en général imposable, mais peut bénéficier du système du quotient (voir section suivante) ou d’un étalement (plus rare).
  • Si la mise à la retraite est à l’initiative de l’employeur, une partie de l’indemnité peut être exonérée d’impôts, dans la limite d’un certain plafond. Ce plafond est calculé en fonction du montant de l’indemnité légale ou conventionnelle.

En 2025, la limite d’exonération de la prime de départ à la retraite pour une mise à la retraite à l’initiative de l’employeur est fixée à 50% de l’indemnité légale ou conventionnelle. Ainsi, si l’indemnité légale ou conventionnelle est de 30 000 euros, la partie exonérée d’impôts est de 15 000 euros. Au-delà de cette limite, la partie excédentaire est imposable comme un revenu ordinaire.

Le système du quotient

Pour atténuer la fiscalité, il est possible d’opter pour « le système du quotient ». Ce système permet d’éviter que l’indemnité, souvent versée en une seule fois, ne fasse artificiellement grimper le taux d’imposition du salarié.

Concrètement, le quotient consiste à diviser le montant de l’indemnité exceptionnelle (hors partie exonérée) par un certain nombre (généralement 4), à ajouter cette fraction au revenu imposable ordinaire, puis à multiplier l’impôt correspondant par 4. Ce mécanisme permet de lisser l’effet de la prime sur la déclaration d’impôts.

Pour en bénéficier, le salarié doit formuler l’option dans sa déclaration de revenus.

Prenons l'exemple de Jean, salarié depuis 30 ans dans une entreprise. En 2025, Jean décide de partir volontairement à la retraite et reçoit une indemnité de départ à la retraite de 40 000 euros.

L'imposition de cette prime se fait selon les modalités suivantes :

Comme il s'agit d'un départ volontaire, la prime est imposable. Jean peut choisir d'utiliser le système du quotient pour réduire l'impact fiscal.

Jean divise le montant de son indemnité (40 000 euros) par 4, soit 10 000 euros. Cette somme est ajoutée à ses revenus ordinaires de l'année, et le taux d'imposition correspondant est appliqué à 10 000 euros. Ensuite, ce montant est multiplié par 4 pour obtenir l'impôt final sur l'indemnité de départ.

Ainsi, Jean évite que cette prime exceptionnelle n'augmente son taux d'imposition de manière disproportionnée. Pour autant, il paye bien un impôt sur la totalité de la prime.

4. Le régime social de la prime de départ

Les cotisations sociales applicables

Au-delà de l’impôt sur le revenu, la prime de départ à la retraite peut également être soumise à des prélèvements sociaux. Cela signifie que le montant perçu par le salarié ne correspond pas toujours à la somme brute annoncée par l’employeur, car des cotisations peuvent s’y appliquer selon certaines limites.

En règle générale, l’indemnité de départ à la retraite, si elle ne dépasse pas le montant de l’indemnité légale ou conventionnelle prévue par le droit du travail ou la convention collective de l’entreprise, est exonérée de cotisations de Sécurité sociale. Toutefois, elle reste soumise à la CSG (Contribution Sociale Généralisée) et à la CRDS (Contribution au Remboursement de la Dette Sociale), dans la limite de certains plafonds (actualisés chaque année).

Au-delà de ces plafonds, ou si celle-ci dépasse le montant de l’indemnité légale ou conventionnelle prévue, l’indemnité devient partiellement ou totalement assujettie aux cotisations sociales comme un revenu ordinaire. Ainsi, plus le montant de la prime est élevé, plus la part soumise aux prélèvements sociaux peut être importante.

Particularités en cas de mise à la retraite

Le régime social diffère également selon que le départ à la retraite est volontaire ou résulte d’une mise à la retraite décidée par l’employeur.

Dans le cas d’une mise à la retraite, l’indemnité peut bénéficier d’un traitement social plus favorable. La prime peut alors être totalement exonérée de cotisations de Sécurité sociale si elle ne dépasse pas deux fois le montant de l’indemnité légale ou conventionnelle, dans la limite de cinq fois le plafond annuel de la Sécurité sociale.

En réalité, et au-delà de ces règles de base, le calcul exact des prélèvements sociaux dépend de nombreux paramètres : ancienneté, salaire de référence, montants fixés par la convention collective, nature du contrat… Il est donc vivement recommandé de consulter les documents référencés dans son cadre de travail ou de se faire accompagner. Tout l’enjeu : anticiper l’imposition et bien déclarer les sommes perçues dans sa déclaration de revenus.

5. Les conséquences sur le prélèvement à la source

Depuis l’instauration du prélèvement à la source, tout revenu imposable, y compris la prime de départ à la retraite, est soumis automatiquement à un prélèvement mensuel. Cela signifie que, lors de son versement, l’indemnité perçue par le salarié peut entraîner un prélèvement significatif, en fonction du montant reçu et du taux d’imposition applicable à ce moment-là.

Lorsque cette indemnité est versée en une seule fois, souvent pour clore une carrière, elle peut fortement faire augmenter le revenu imposable de l’année. Ce montant exceptionnel, s’il n’est pas anticipé, fait ainsi grimper temporairement le taux de prélèvement à la source.

Pour éviter cela, il est essentiel de bien déclarer le caractère exceptionnel de la prime sur le site impots.gouv.fr, dans l’espace personnel du salarié. Une case spécifique permet de signaler que ce revenu ne correspond pas à une rémunération ordinaire, mais à un revenu ponctuel lié au départ à la retraite.

6. Conseils pratiques pour une gestion optimale

Anticiper son départ et bien s’informer

Avant de quitter l’entreprise, il est essentiel de vous renseigner sur les conditions de versement de l’indemnité de départ à la retraite, ainsi que sur les règles applicables dans votre cadre de travail (convention collective, accord d’entreprise, etc.). Ces documents référencés précisent souvent les modalités de calcul de la prime selon l’ancienneté, le salaire moyen ou le type de contrat.

Certaines conventions prévoient des montants plus avantageux que l’indemnité légale. Il peut donc être pertinent de consulter les services RH ou un conseiller spécialisé pour faire valoir ses droits.

Utiliser les simulateurs de calcul en ligne

De nombreux simulateurs officiels permettent d’estimer le montant de son indemnité de départ, l’impôt à prévoir et les cotisations sociales applicables. Ces outils prennent en compte l’ancienneté, la rémunération, et la nature du départ (volontaire ou non).

Tout l’objectif d’une estimation : planifier l’impact sur vos revenus, éviter une hausse soudaine de votre prélèvement à la source, et anticiper les démarches à faire lors de la déclaration de vos impôts.

Vérifier les délais et les options fiscales possibles

Pour bénéficier du système du quotient, il faut exercer cette option au bon moment, généralement lors de la déclaration annuelle au printemps suivant le départ.

N’oubliez pas non plus de signaler le caractère exceptionnel de la prime dans votre espace personnel sur impots.gouv.fr.

Surveiller les montants déclarés

Il arrive que les montants versés soient mal reportés sur la déclaration préremplie. Vérifiez toujours les chiffres transmis par votre employeur (fiches de paie, attestation d’indemnité, etc.) pour corriger une éventuelle erreur avant validation.

Une erreur dans la déclaration peut conduire à un impôt injustement élevé ou à une régularisation coûteuse l’année suivante.

Évaluer l’impact global sur votre situation financière

La prime de départ à la retraite intervient souvent à la fin d’une longue carrière. Elle peut alors s’ajouter à d’autres revenus (comme des pensions de retraite ou des revenus mobiliers), ce qui peut temporairement faire grimper votre revenu imposable au-delà des seuils habituels.

Dans ce cadre, le recours à un professionnel (expert-comptable, conseiller fiscal) peut s’avérer judicieux pour optimiser son plan de départ et éviter toute imposition excessive.

Bien préparer son départ à la retraite, c’est aussi savoir optimiser sa prime et maîtriser son imposition. Cela consiste, entre autres, à vérifier les montants perçus et imposés, à utiliser les bons outils comme le quotient ou les simulateurs, et à se faire accompagner. Un plan bien pensé, c’est avant tout plus de sérénité… et moins d’impôts.