SCPI

Le démembrement pour transmettre ses parts de SCPI

Temps de lecture: 6 minutes

En bref :

Le démembrement appliqué aux parts de SCPI est un outil qui permet de préparer une transmission patrimoniale. Il consiste à séparer la nue-propriété et l’usufruit des parts.

  • Les parents peuvent, par exemple, conserver l’usufruit et percevoir les revenus potentiels des SCPI, tout en transmettant la nue-propriété aux enfants.
  • L’usufruit temporaire permet d’aider un proche sur une durée définie, puis de retrouver la pleine propriété.
  • Le démembrement viager laisse quant à lui l’usufruit au parent jusqu’au décès, avant que l’enfant ne devienne pleinement propriétaire.

Tout l’enjeu : faciliter l’anticipation de la succession et réduire certains droits grâce aux règles d’abattement.

Le démembrement est un mécanisme juridique et patrimonial qui permet de séparer la nue-propriété et l’usufruit d’un bien. Appliqué à l’immobilier collectif, il offre une manière structurée de transmettre ses parts de SCPI à ses enfants ou à ses héritiers, tout en conservant certains droits comme la perception de revenus.

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2. Rappels de base : nue-propriété, usufruit, pleine propriété

Le démembrement de propriété consiste à séparer les attributs de la propriété. Concrètement, un propriétaire peut décider de partager ses droits entre deux personnes distinctes : d’un côté l’usufruitier, qui a le droit de percevoir les revenus potentiels générés par le bien ou par des parts de SCPI, et de l’autre le nu-propriétaire, qui détient la nue-propriété mais ne perçoit pas de revenus pendant la période de démembrement.

Il existe deux grands cadres de démembrement.

  • Le premier est temporaire : il prévoit une durée fixe, souvent choisie en fonction d’un objectif précis de gestion ou de transmission.
  • Le second est le démembrement viager : ici, l’usufruit dure toute la vie de l’usufruitier.

Dans tous les cas, la séparation entre usufruit et nue-propriété ne modifie pas la nature des parts de SCPI elles-mêmes : il s’agit toujours d’un placement immobilier collectif soumis aux mêmes règles de capitalisation, de distribution de revenus potentiels et de fiscalité.

3. À quoi sert le démembrement pour transmettre ses parts ?

Le démembrement appliqué à des parts de SCPI est souvent utilisé comme un outil de gestion patrimoniale pour organiser la transmission.

Donations organisées

Un parent peut, par exemple, conserver l’usufruit et donner la nue-propriété à un enfant. Ce choix est courant car il permet au parent de continuer à percevoir les revenus potentiels issus de la SCPI, tout en réduisant le montant taxable lors de sa donation. C’est aussi ce que l’on appelle la donation avec réserve d’usufruit.

Dans d’autres cas, une famille peut aussi choisir de privilégier une donation classique où la pleine propriété est immédiatement transférée à l’enfant, ou une donation-partage pour répartir équitablement les parts entre plusieurs héritiers, en anticipant la succession future.

Ces choix dépendront du cadre familial, de la fiscalité applicable et de la volonté de maintenir ou non la distribution des revenus au profit du donateur.

Anticipation successorale

Le démembrement facilite aussi l’organisation de la succession. Au décès de l’usufruitier, la pleine propriété revient automatiquement au nu-propriétaire, sans qu’il soit nécessaire de repasser par un acte ou un nouveau calcul des droits. L’effet est donc simple : l’enfant devient pleinement propriétaire des parts sans avoir à payer de supplément lié au prix ou au barème fiscal en vigueur au moment du décès. Cet avantage pratique peut éviter des tensions entre héritiers et clarifie la gestion du patrimoine dès le vivant des parents.

Gestion des flux

Le démembrement permet également de séparer la perception des revenus de la propriété finale. Par exemple, un usufruit temporaire peut être utilisé pour aider un proche pendant une période déterminée, en lui donnant la possibilité de percevoir les revenus potentiels de la SCPI. Pendant ce temps, le nu-propriétaire ne reçoit rien, mais il préserve son droit sur le capital à long terme.

Le démembrement n’est pas un montage figé : c’est un outil pratique, qui peut s’adapter à la vie des familles et à l’évolution de leur patrimoine.

4. Modalités pratiques d’un démembrement de parts de SCPI

Le démembrement de parts de SCPI nécessite une organisation rigoureuse, car il s’agit d’un acte qui engage la propriété, les droits et la fiscalité des personnes concernées. À ce titre, plusieurs acteurs interviennent pour garantir que la transmission se déroule dans un cadre sécurisé et conforme au droit civil.

Qui fait quoi ?

La société de gestion joue un rôle essentiel, puisque c’est elle qui s’assure que l’usufruitier et le nu-propriétaire soient clairement identifiés. C’est elle qui verse également les revenus potentiels à l’usufruitier et qui notifie la fin de la période de démembrement.

Le notaire, quant à lui, intervient lorsque le démembrement est lié à une donation ou à une succession. Il rédige l’acte, applique le barème fiscal et vérifie les effets de la transmission sur le capital et sur les héritiers.

Durée et calendrier

Le démembrement peut être temporaire ou viager :

  • Dans le cas temporaire, la durée est fixée dès le départ, ce qui permet d’anticiper des besoins précis : aider un enfant pendant ses études par exemple.
  • Dans le cas viager, l’usufruit est conservé jusqu’au décès de l’usufruitier. Cela permet à un parent de continuer à percevoir les revenus sa vie durant, mais cela retarde l’accès à la pleine propriété pour le nu-propriétaire.

Le choix entre ces deux options dépend du cadre familial, des besoins de revenus immédiats et de la stratégie de transmission envisagée.

5. Bénéfices potentiels… et limites majeures à connaître

Le démembrement de parts de SCPI peut présenter des avantages intéressants pour la transmission du patrimoine, mais il comporte aussi des limites qu’il faut bien comprendre avant de s’engager.

Bénéfices potentiels

Le premier avantage est la possibilité d’organiser une transmission progressive. Comme nous l’avons vu, cette répartition entre usufruitier et nu-propriétaire facilite la gestion familiale, tout en profitant parfois d’un abattement fiscal.

Un autre avantage est la séparation claire entre revenus et capital. L’usufruitier a le droit de percevoir la distribution des loyers, alors que le nu-propriétaire se concentre sur la capitalisation à long terme. Au décès de l’usufruitier, la pleine propriété revient automatiquement au nu-propriétaire, ce qui simplifie la succession et protège les héritiers. Ce mécanisme évite parfois de recourir à une succession classique lourde à gérer.

Enfin, le démembrement est aussi un outil pédagogique. Il permet d’impliquer les enfants dans la gestion d’un patrimoine immobilier collectif. Cela prépare la transmission en douceur.

Limites et risques

Il existe cependant plusieurs limites importantes. La première concerne la liquidité : la revente des parts de SCPI peut être difficile, car elle dépend de l’offre et de la demande sur le marché secondaire.

La deuxième limite tient à la variabilité des revenus et du rendement. Le prix et le montant des parts de SCPI peuvent évoluer à la hausse comme à la baisse. L’usufruitier n’a donc aucune garantie de percevoir un revenu stable, et le nu-propriétaire n’a aucune certitude sur la valeur future de la pleine propriété.

La troisième limite concerne les frais et la fiscalité. Les SCPI comportent des frais d’entrée, de gestion et parfois de cession, qui réduisent la performance nette de l’investissement. Du côté civil et fiscal, les règles peuvent changer : ce qui est valable aujourd’hui en matière de droits de donation, de taux d’abattement ou de traitement de l’usufruit viager peut évoluer dans l’avenir. Il est donc essentiel de vérifier régulièrement le cadre juridique et de se faire accompagner par un notaire.

Enfin, il faut garder à l’esprit que ce type de placement immobilier n’est pas sans risque. La société de gestion peut prendre des décisions qui influent sur la distribution, la location ou la capitalisation, et l’effet sur les revenus ou sur la transmission ne dépend donc pas uniquement de la volonté des parents.

Le démembrement de parts de SCPI est un outil souple qui permet d’adapter la transmission du patrimoine aux besoins des parents comme des enfants. Qu’il s’agisse de préserver des revenus, d’anticiper une succession ou de répartir le capital entre héritiers, il offre des solutions variées. Mais comme tout placement immobilier, il comporte des risques qu’il faut aussi connaitre.

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