Assurance vie

Assurance vie et vie matrimoniale

Temps de lecture: 16 minutes

En bref

Comment l’assurance vie peut-elle protéger votre conjoint ou partenaire en cas de décès, de divorce ou selon votre régime matrimonial ?

L’assurance vie n’est pas seulement un placement financier. Elle est aussi un puissant outil de transmission et de protection du conjoint :

  • La clause bénéficiaire permet de désigner précisément qui recevra le capital de votre contrat en cas de décès.
  • En cas de décès, le capital peut être versé directement au conjoint ou partenaire, hors succession.
  • En cas de divorce, attention : si la clause n’est pas modifiée, un ex-conjoint peut toujours être bénéficiaire.
  • Selon que vous êtes mariés en communauté, en séparation de biens ou en communauté universelle, le contrat pourra être partagé ou non.
  • La clause démembrée, quant à elle, permet de protéger le conjoint tout en transmettant aux enfants.

L’assurance vie est un outil de gestion et de transmission du patrimoine qui s’inscrit pleinement dans la vie des couples. Que l’on soit marié, pacsé ou en union libre, le choix du contrat, la rédaction de la clause bénéficiaire, le régime matrimonial, ainsi que les événements de la vie comme le décès ou le divorce, peuvent profondément affecter les droits du conjoint ou du partenaire survivant. Alors, faisons le point.

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2. La clause bénéficiaire : pilier de la transmission

L’assurance vie repose sur un principe essentiel : permettre au souscripteur de désigner librement un ou plusieurs bénéficiaires qui recevront le capital en cas de décès. Cette disposition s’effectue par le biais de la clause bénéficiaire, un outil juridique puissant dans le cadre de la transmission de patrimoine. Dans la vie d’un couple, cette clause peut jouer un rôle décisif, notamment pour assurer la protection du conjoint survivant ou des enfants.

Clause standard vs clause libre

Lorsqu’un contrat d’assurance est ouvert, le souscripteur peut choisir une clause dite standard. Cette dernière est fréquemment formulée ainsi : « mon conjoint, à défaut mes enfants, à défaut mes héritiers ». Mais ce type de clause, bien que couramment utilisé, ne convient pas toujours à toutes les situations familiales.

Pour les couples mariés, cette clause permet une transmission directe au conjoint, sans passer par la succession classique. Toutefois, dans le cas d’un divorce ou d’un changement de régime matrimonial, cette désignation peut entraîner des conséquences non souhaitées. Si la clause n’est pas modifiée à temps, le capital peut être versé à un ex-conjoint au détriment d’un nouveau partenaire ou des enfants.

C’est pourquoi il est recommandé d’actualiser sa clause bénéficiaire régulièrement.

La clause libre, quant à elle, permet de désigner précisément chaque bénéficiaire avec son nom, prénom, date et lieu de naissance. Elle peut également être personnalisée pour répondre à des objectifs spécifiques.

La modification simplifiée de la clause, depuis avril 2025

Depuis une décision de la Cour de cassation rendue le 3 avril 2025, la modification de la clause bénéficiaire est désormais facilitée. Il n’est plus nécessaire d’en informer formellement l’assureur, tant que la volonté du souscripteur est clairement exprimée. Cette évolution apporte plus de souplesse dans la gestion du contrat d'assurance vie, notamment en cas de remariage ou de recomposition familiale.

Toutefois, il reste fortement conseillé de rédiger cette clause avec précision, de la dater et de la signer. Certains conseillers patrimoniaux ou notaires suggèrent même de la déposer officiellement pour éviter toute contestation au moment du dénouement du contrat.

La clause démembrée : protéger conjoint et enfants

Dans un cadre matrimonial plus complexe ou dans un objectif d’optimisation fiscale, il est aussi possible de recourir à une clause démembrée. Celle-ci permet de scinder le capital en deux droits distincts :

  • L’usufruit, souvent attribué au conjoint survivant : permet au conjoint survivant d’utiliser le capital transmis ou d’en percevoir les revenus, sans en être pleinement propriétaire.
  • La nue-propriété, généralement transmise aux enfants : leur donne le droit de devenir pleinement propriétaires du capital lorsque l’usufruit prend fin.

Cette organisation renforce la protection du conjoint survivant tout en garantissant la transmission aux enfants à terme.

L’avantage majeur de cette option réside dans la fiscalité de l'assurance vie. En effet, les abattements fiscaux s’appliquent sur la valeur entière du capital, sans double imposition entre usufruitier et nus-propriétaires.

Cette clause, bien que plus technique, illustre à quel point la souscription d’un contrat d’assurance peut s’adapter à la diversité des situations de vie. Elle représente un moyen souple et évolutif de transmettre un capital tout en préservant les intérêts de chacun.

Dans tous les cas, il est recommandé de faire appel à des conseillers spécialisés pour déterminer les meilleures options selon votre situation et vos volontés.

À travers la clause bénéficiaire, l’assurance vie démontre qu’elle n’est pas seulement une épargne à long terme pour des projets communs, mais aussi un vecteur essentiel de protection et de transmission dans le cadre matrimonial.

3. En cas de décès : que devient le conjoint survivant ?

Le décès d’un époux ou d’un partenaire marque un tournant décisif dans la vie d’un couple, y compris sur le plan patrimonial. Dans ce contexte, l’assurance vie prend tout son sens, car elle permet, si le contrat a été correctement rédigé, d’assurer une protection directe et rapide du conjoint survivant.

Une désignation prioritaire en dehors de la succession classique

Avec la clause bénéficiaire du contrat d’assurance, le capital transmis ne fait pas partie de la succession légale. Cela signifie que le ou les bénéficiaires désignés, par exemple le conjoint ou les enfants, perçoivent les fonds directement, sans avoir à attendre le règlement global de la succession. Cette spécificité du fonctionnement de l'assurance vie en fait un outil précieux pour garantir une continuité financière rapide, notamment pour le conjoint survivant, qui peut avoir besoin de liquidités pour faire face aux dépenses immédiates.

Contrat individuel ou contrat co-souscrit : un choix structurant

Lorsque les époux ou partenaires ont choisi de souscrire une assurance vie à deux, sous forme de contrat co-souscrit, deux cas de figure se présentent au moment du décès.

  • Si le dénouement du contrat est prévu au premier décès, le capital est immédiatement versé au bénéficiaire désigné, généralement le conjoint survivant. Ce mécanisme assure une transmission rapide et directe, à condition que la clause bénéficiaire soit bien rédigée et adaptée à la situation matrimoniale.
  • Si le contrat prévoit un dénouement au second décès, les capitaux sont maintenus au sein du contrat jusqu’au décès du dernier des deux souscripteurs. Ce montage est parfois utilisé pour préserver le capital au profit des enfants, tout en laissant la gestion au conjoint survivant.

L’impact du régime matrimonial en cas de décès

Le régime matrimonial joue un rôle clé en cas de décès.  

Pour les couples mariés sous le régime légal, dit de la communauté réduite aux acquêts, les sommes versées au contrat pendant le mariage sont en principe des biens communs. Cela signifie que la moitié de la valeur du contrat peut être considérée comme appartenant au conjoint survivant.

Dans un régime de séparation de biens, les sommes investies sont considérées comme propres au souscripteur. La transmission par assurance vie suit alors uniquement la clause bénéficiaire, sans incidence sur le partage des biens du couple. Ce cadre peut être particulièrement avantageux si l’objectif est de privilégier un bénéficiaire unique, comme un enfant issu d’une précédente union.

Dans le cas d’un régime de communauté universelle, tous les biens sont communs, y compris ceux investis dans les contrats d’assurance. La part revenant au conjoint survivant peut donc être plus importante, mais elle dépendra aussi de la rédaction du contrat et des clauses choisies. Il est vivement conseillé d’anticiper ces situations avec des conseillers pour ajuster les dispositions en amont.

4. En cas de divorce : quels impacts selon les régimes ?

Un divorce transforme profondément la vie des époux, tant sur le plan personnel que patrimonial. Dans ce contexte, les contrats d’assurance vie doivent être analysés avec attention, car ils peuvent générer des conséquences inattendues, en fonction du régime matrimonial choisi, de l’origine des fonds investis, et de la rédaction de la clause bénéficiaire.

Le régime de la communauté réduite aux acquêts : distinction des biens propres et communs

Dans ce régime matrimonial, qui est celui appliqué par défaut lors d’un mariage sans contrat spécifique, les biens acquis pendant la vie commune sont considérés comme communs, tandis que ceux détenus avant le mariage ou reçus par donation ou héritage sont propres.

Lorsque le contrat d’assurance vie a été souscrit avant le mariage avec des fonds personnels, il est généralement considéré comme un bien propre du souscripteur. En cas de divorce, ce contrat n’est donc pas intégré dans le partage du patrimoine commun.

En revanche, si la souscription a eu lieu après le mariage et que les versements ont été effectués à partir de fonds communs, le contrat est réputé faire partie de la communauté. Il devient alors un actif à partager à parts égales lors du divorce, que les époux soient encore bénéficiaires l’un de l’autre ou non. Cela peut mener à un rachat partiel ou total du contrat pour liquider les droits de chacun, sauf en cas de solution amiable ou de répartition convenue entre les partenaires.

Ce cas illustre donc bien l'incidence du régime matrimonial en cas de divorce, qui peut profondément influencer les effets patrimoniaux de la séparation.

Le régime de séparation de biens : indépendance des contrats

Dans le cadre d’un mariage sous le régime de séparation de biens, chaque époux conserve l’administration, la jouissance et la disposition de ses biens propres, y compris les contrats d’assurance vie. Les versements réalisés sont considérés comme personnels, et il n’y a pas de communauté à liquider au titre de ces contrats.

En conséquence, à moins qu’un contrat n’ait été co-souscrit ou qu’il n’existe une volonté expresse de partage, chaque souscripteur reste l’unique propriétaire de son assurance vie. Ce régime garantit une plus grande autonomie patrimoniale.

Le régime de communauté universelle : tout est partagé

Dans le cas d’un régime de communauté universelle, l’ensemble des biens présents et à venir sont considérés comme communs, sauf clause contraire. Cela inclut les contrats d’assurance vie, quelles que soient leur date de souscription ou l’origine des fonds utilisés.

En cas de divorce, ces contrats sont donc intégrés en totalité dans la masse à partager, ce qui peut générer des discussions complexes, en particulier si les objectifs initiaux étaient liés à la protection du conjoint.

Clause bénéficiaire et divorce : attention aux effets indésirables

Le divorce ne révoque pas automatiquement la clause bénéficiaire d’un contrat d’assurance vie. Ainsi, si le souscripteur avait désigné son époux ou partenaire comme bénéficiaire, cette désignation demeure valide même après la séparation, à moins d’une modification explicite.

À noter : si la clause a fait l’objet d’une acceptation par le bénéficiaire avant le divorce, elle devient irrévocable. Cela signifie que, même en cas de remariage ou de changement de situation familiale, l’ex-conjoint pourra légalement recevoir le capital au dénouement du contrat.

En revanche, en l’absence d’acceptation formelle, la clause reste librement modifiable. Le souscripteur peut alors désigner un nouveau bénéficiaire à tout moment, par courrier ou avenant au contrat. Cette souplesse, comptant parmi les principaux avantages de l’assurance vie, permet de maintenir le contrat en adéquation avec la nouvelle réalité familiale.

Dans tous les cas, il est impératif de relire la clause bénéficiaire dès l’ouverture de la procédure de divorce. Une clause obsolète peut conduire à une transmission non souhaitée.

Démarches pratiques lors d’un divorce

Lorsqu’un contrat est intégré dans le patrimoine commun, les époux peuvent décider de procéder à un rachat partiel ou total du capital pour procéder à un partage équitable. Cette opération peut avoir des conséquences fiscales selon la durée du contrat, le montant retiré et la part de plus-value concernée. Un simulateur peut être utilisé pour évaluer les impacts éventuels.

Dans le cas d’un contrat co-souscrit, notamment entre partenaires mariés ou pacsés, il est souvent nécessaire de transformer le contrat en deux contrats individuels distincts. Cette transformation doit être encadrée par un notaire ou un juge, selon la complexité du dossier.

Pour certains couples, sortir de l'assurance vie au moment du divorce est une manière d’éviter les tensions et de clarifier la situation financière de chacun. Pour d’autres, il peut être plus pertinent de conserver le contrat, après avoir modifié la clause bénéficiaire et réajusté la stratégie patrimoniale.

Quelle que soit la solution choisie, il est essentiel de garder en tête que l’assurance vie, bien que souple et avantageuse, peut aussi présenter des contraintes. Mais ces inconvénients sont généralement liés à une mauvaise anticipation ou à un défaut d’actualisation, ce qui souligne l’importance d’un suivi régulier.

5. Bonnes pratiques et recommandations

Tout au long de la vie d’un couple, les contrats d’assurance vie doivent être régulièrement revus et ajustés. Qu’il s’agisse d’un mariage, d’un divorce, d’une naissance ou du décès d’un proche, chaque événement peut avoir un impact direct sur la clause bénéficiaire, le capital transmis ou les droits du conjoint survivant. Voici quelques bonnes pratiques pour optimiser la gestion de votre contrat d’assurance vie.

Rédiger une clause bénéficiaire claire et précise

La clause bénéficiaire est un outil essentiel de transmission. Pour éviter toute ambiguïté, il est recommandé d’identifier les bénéficiaires par leur nom, prénom, date et lieu de naissance. Cette rigueur protège à la fois le souscripteur, les bénéficiaires, et garantit un dénouement conforme à la volonté exprimée.

Adapter la clause en cas d’évolution de la situation matrimoniale

À chaque changement de régime matrimonial, mariage, remariage ou séparation, il est indispensable d’examiner le contrat d’assurance vie. Une clause bénéficiaire rédigée plusieurs années auparavant peut ne plus être adaptée à la nouvelle composition du couple. C’est notamment vrai dans les situations de divorce, où une clause ancienne peut encore parfois désigner un ex-conjoint comme bénéficiaire principal.

La révision de cette clause permet d’éviter des effets non désirés et d’intégrer, le cas échéant, un nouveau partenaire de vie, des enfants, ou même une fondation.

Identifier l’origine des versements pour sécuriser le partage

L’origine des fonds utilisés pour investir dans un contrat d’assurance vie est un critère essentiel, surtout dans le cadre d’un régime de communauté réduite aux acquêts. Savoir si les versements ont été réalisés à partir de biens propres ou de la communauté permet de déterminer les droits de chaque époux en cas de divorce ou de décès.

En cas de doute, des justificatifs (relevés bancaires, attestations de donation ou de succession) peuvent être conservés pour démontrer la provenance des capitaux.

Suivre régulièrement la gestion du contrat d’assurance vie

L’assurance vie est une épargne à long terme, mais elle ne doit pas rester figée. La gestion active du contrat permet d’ajuster les supports d’investissement et de réagir aux évolutions personnelles ou économiques.

Comme nous l’avons vu, il est possible d’ajouter des bénéficiaires, de modifier la répartition du capital, ou d’activer des garanties supplémentaires. En effet, de multiples options supplémentaires peuvent être intégrées sur les contrats d’assurance vie. Ces dernières peuvent par exemple inclure des garanties plancher, des options de prévoyance ou de la gestion automatisée.

Faire appel à des professionnels compétents

Face à la complexité des règles juridiques, fiscales et matrimoniales, il est souvent indispensable de se faire accompagner. Les conseillers en gestion de patrimoine, les notaires, et les assureurs spécialisés pourront vous apporter une aide précieuse à chaque étape de la vie de votre contrat.

En définitive, choisir la meilleure assurance vie ne se résume pas à comparer des rendements ou des frais : il s’agit avant tout d’adapter chaque contrat à sa propre situation familiale et patrimoniale. Une gestion régulière, la personnalisation de la clause bénéficiaire et l’accompagnement de professionnels qualifiés sont essentiels pour vous garantir un contrat qui réponde toujours à vos objectifs et protège efficacement vos proches.

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