Transmettre sans attendre via l’assurance vie : la mesure d’anticipation qui pourrait tout changer en 2026

En 2026, et uniquement cette année-là, certains détenteurs d’assurance vie pourraient transmettre de leur vivant jusqu’à 152 500 € par bénéficiaire, en franchise d’impôt. Un geste patrimonial fort, habituellement réservé au moment de la succession.
Cette possibilité a été votée par les députés dans le cadre du projet de loi de finances pour 2026, le 3 novembre 2025. Comme l’explique Thibaut Lamy dans Capital : les parlementaires ont adopté « la possibilité pour le titulaire d’une assurance vie de transmettre par anticipation le capital de son contrat à ses bénéficiaires », tout en précisant que la mesure « s’appliquera pour la seule année 2026 » (03/11/2025).
Une mesure exceptionnelle, limitée à une seule année
Ce dispositif n’installera pas une règle durable. Il ne s’appliquera qu’en 2026.
Pour en bénéficier, plusieurs conditions devront s’imbriquer :
- La transmission devra être réalisée exclusivement en 2026.
- Les primes concernées devront avoir été versées avant les 70 ans du souscripteur,
- Et avant le 1er octobre 2025.
- Le titulaire du contrat devra avoir 70 ans minimum au 31 décembre 2026.
Ce n’est donc pas une nouvelle fiscalité pérenne, mais une parenthèse dans le cadre habituel de l’assurance vie.
| Étape | |
| Avant le 1er octobre 2025 | Les primes concernées doivent déjà être versées sur le contrat (et avant les 70 ans du souscripteur). |
| Du 1er janvier au 31 décembre 2026 | Possibilité de transmettre, de son vivant, jusqu’à 152 500 € par bénéficiaire, sans impôt. |
| Au 31 décembre 2026 | Le titulaire du contrat doit avoir 70 ans minimum. |
Pourquoi cette ouverture temporaire ?
Le député Nicolas Ray, à l’origine de l’amendement, évoque la volonté de provoquer « un impact positif pour la relance de l’économie » (Capital, 03/11/2025). En d’autres termes, l’idée est de permettre à une partie de l’épargne logée en assurance vie de rejoindre l’économie réelle, via des donations anticipées.
Le rapporteur général du budget, Philippe Juvin, a ainsi soutenu cette idée, estimant « qu’elle remettrait de l’argent dans l’économie » (Capital, 03/11/2025).
Cependant, Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a aussi rappelé que « 350 milliards d'euros de la dette française étaient portés par l’assurance vie » via les fonds en euros, appelant ainsi à la prudence (Capital, 03/11/2025).
Malgré cet avertissement, l’amendement a été adopté à 120 voix contre 110.
Ce que cela change pour la transmission
Normalement, les bénéficiaires d’un contrat d’assurance vie profitent, au décès du souscripteur, d’un abattement de 152 500 € par bénéficiaire (pour les primes versées avant 70 ans).
Ici, cet abattement est avancé. Il est possible de l’utiliser de son vivant, en 2026.
Mais, conséquence importante : le montant transmis en 2026 sera déduit de l’abattement disponible au décès.
Ce n’est donc pas un double avantage, mais simplement un choix de timing.
Exemple concret
Claire, 72 ans, possède un contrat d’assurance vie alimenté avant 70 ans. En 2026, elle souhaite transmettre de l’argent à ses deux enfants. Elle pourra verser jusqu’à 152 500 € à chacun, sans taxation. Le jour de sa succession, l’abattement dont bénéficieront ses enfants sera réduit de ce qu’ils auront déjà reçu.
Cette mesure ouvre une possibilité rare : anticiper sa transmission en l’organisant de manière structurée et maîtrisée. Mais elle ne s’applique pas à tous les contrats, ni à toutes les situations familiales. Avant de se lancer, il est donc essentiel de vérifier l’âge du souscripteur, la date à laquelle les primes ont été versées sur le contrat, ainsi que la formulation de la clause bénéficiaire, souvent déterminante dans la répartition finale.
Et puisque cette fenêtre ne durera que sur l’année 2026, mieux vaut prendre le temps d’y réfléchir dès maintenant, pour envisager son projet patrimonial sereinement, et éviter les décisions précipitées.
Par
Faustine RIOT